Lundi matin, son mari la retrouvée les yeux
Lundi matin, son mari la retrouvée les yeux grand ouvert, immobile, elle ne respirait plus. Il sétait absenté vingt minutes, toutes petites, minuscules, le temps dun adieu à un aïeul, parti officiellement pour le paradis, avec un véritable passeport : mort de vieillesse. Elle, elle avait mal dans les jambes et les mains, elle se sentait très fatiguée, elle navait rien dit, pas un dernier mot, pas un dernier geste. Le SAMU et tout son attirail a uvré durant une heure pour faire repartir le cur : victoire, le muscle noble sest remis en mouvement, on a transporté la patiente dans le service adéquat, soins intensifs de cardiologie. Tout a été fait, des mots les plus sophistiqués, aux techniques les plus pointues, les heures ont dévalé sur ce corps pourtant déjà mort, puisque son cerveau rétamé, mis en bouillie, encéphalopathiquement inapte à toute future vie.
Il y a deux fillettes de 13 et 9 ans, qui sont là-bas et passent des vacances de toussaint dans lhébétement le plus stupide. Pourquoi elles ?
Verdict de ce vendredi : rien à faire, tout est foutu. Le cur fonctionne mais responsabilité est donnée au conjoint de décider quil débranche ou non. Le corps médical a décrété quil avait tout fait, et que maintenant son droit à la vie à la mort ne lui appartenait pas : à vous de choisir.
Vous feriez quoi à sa place ?
Ce soir, j'ai couché les enfants, j'ai regardé mes mains et j'ai commencé à écrire. Nous avons un mois décart. Nous avons toutes deux, deux enfants. Ce nest pas à moi que cela arrive, sinon, je regarderai quelquun dautre écrire ces mots. Cest moi qui les trace.
Tout à lheure, jirai me coucher tranquillement auprès de mon homme, persuadée quil mest infidèle, résolue dans mes choix, pas si mal de ne pas être seule.
Qui me trouverait demain si je décidais douvrir la vérité ?
Jécris. Je continue.
Demain, je recommencerai.