75 % d'une journée en deux heures et des poussières...
Jétais allongée sur le sable tiède, à lombre des palmiers géants. Des mains chaudes et accueillantes me caressaient tendrement. Jallais me tourner pour happer la bouche au goût cannelle quand Un grand crac ! Félix vient de faire tomber trois cartons dun coup. Cest le signal, enfin celui de ce matin, pour me faire comprendre quil est lheure de lui ouvrir la porte.
Pfouuuuuu 6 h 13 à mon réveil. Je lui décroche un bon coup doreiller et jessaye de repartir dans mon rêve. De toute façon, va bien falloir que je lui ouvre à ce satané minou. Et puis, je reste entre deux eaux, mais je narrive pas vraiment à me rendormir.
6 h 50 : Cest lheure. Jarrive dans la salle de bain. Je remarque tout de suite que les serviettes sont en boules sur le radiateur. Je vais devoir encore me sécher « humide » ! Je déteste ça. Bon, une bonne douche pour me remettre les idées en forme. Surtout quhier soir, je me suis couchée très tard, vous savez ce que cest : préparer le maximum de trucs pour le matin, regarder un peu les blogs et faire une station certaine devant la télé Ca prend du temps !
7 h 15 : Je suis dans la cuisine. Habillée, maquillée, parfumée, pimpante, quoi ! Je remplis les bols, je les mets dans le micro-onde, je coupe les tartines et les range dans le grille-pain. Je sors les confitures et un yaourt au fruit pour le petit, qui naime pas le lait le matin. Je dispose le tout sur un grand plateau. Jouvre les volets. Celui du salon grince pas mal, un de ces jours, il va nous lâcher, cest sur ! Eric monte faire une bise aux enfants, cueille au passage le petit Tom déjà réveillé. Le rituel du matin : regarder son père sortir la voiture du jardin. En plus, aujourdhui, les éboueurs sont là, lui bloquent le passage. Alors Tom lui envoie des centaines de bisous ; le menton collé sur le canapé. Jimagine Eric qui peste car il va avoir 3 minutes ¼ de retard
7 h 30 Je monte chercher ma grande puce. Je lembrasse sur le front, là où cest tout frais, puis sur la joue, là où cest tout chaud. Jadore. Je lui frotte le ventre en douceur puis jallume sa lumière. Jouvre ses volets, regarde mieux son bazar organisé. « Allez, Camillou, on va être en retard ».
Les deux enfants se calent sur le canapé, chacun avec sa couverture. Lune est bleue marine avec des soleils et des étoiles jaune vif, lautre est blanche, constellée de pommes vertes, acidulées.
Je tartine allégrement le pain grillé : deux beurres, deux confitures. « Tom, tu veux quoi ? Un gâteau au chocolat qui coule pas ? » Il acquiesce et balance en douce un coup de pied à sa frangine. « Je veux de la hrraise », « cest tout ? tu vas avoir faim tout à lheure ». A quoi bon ? De toute façon, il est comme moi, je ne vais pas le forcer à manger alors que tous les matins il me voit boire juste une grande tasse de café au lait. Non mais !
7 h 50 : Je ramène le plateau en cuisine et au passage, je dépose les piles de vêtement de chacun. Mais avant, précipitation dans la salle de bain, lavage de dents, débarbouillage de frimousse, un peu de sent-bon sur les cheveux, deux tresses à la Fifi-bruns-dacier pour ma poupée. Retour dans le salon. Cest la course. Enfin, cest Tom qui lance la compèt ! « Cest moi le premier qui gagne ».
8 h 10 : « Mets tes chaussures, Tomy ! » « Mais, jsais pas le faire, cest quoi le bon pied » Ouaip, il se moque, comme dhab. Mais cest tellement bon de se faire dorloter encore comme un tout petit bébé.
8 h 15 : Tout saccélère. Le chat est rentré. Jai baissé le chauffage. Jai mis en route le lave-vaisselle. Camille attrape sa carte de cantine : cest limite psychotique son truc. Il faut quelle lait dans la main dès notre départ, au risque de la perdre dans la rue ou dans la voiture. Tom flanque Doudou au fond de son sac, en profite pour vérifier son goûter de ce soir.
8 h 20 : Tout le monde est bouclé dans la voiture. Ah, non ! Tom exige que sa fenêtre soit débarrassée de leau de la nuit et avec la raclette, siou-plé ! Sinon, il va brailler jusquà lécole. Je jette un coup dil à Camille qui se bat avec sa doudoune. Elle a tiré trop vite sur sa fermeture éclair, les crochets en plastique sont totalement décalés. Galère ! Il faut garder son calme et essayer de réparer tranquillement les dégâts. Avec un calme inimaginable, je remets le tout en place.
8 h 27 : Jarrive à fond devant lécole. Camille embrasse son frère, un bisou discret à sa Môman, avec un coup dil dehors : ouf, pas de copains à lhorizon pour voir cela. Elle attrape son cartable et détale vers le portail.
8 h 30 : On pointe à lentrée de la maternelle. Tom sapplique, lumière rouge on attend, lumière verte, cest pointé pour la cantine. Traversée du long couloir, bonjour à toutes les mamans. Cest rigolo, jen connais très peu mais elles semblent toutes me connaître ; Enfin, cest pas tout à fait moi, cest plutôt mon gamin, star incontournable des trois sections : Tom le Petit Prince !
8 h 32 : On accroche le manteau. « Bonjour Martine. Vous allez bien ? » Tom attrape sa carte avec son prénom inscrit dessus, et re-pointage darrivée. Lucie est déjà là ; il la rejoint pour faire un puzzle. Je men vais. De toute façon, depuis son premier jour décole, cela a toujours été ainsi avec lui : pas de chichi ou de rituel dau-revoir. « Vas bien travailler Maman :! »
8 h 35 : Retour à la voiture. Je sors mon poste. Mon paquet de clops, je vérifie mon portable et le kit mains libres. Cest parti. Le camion poubelle est derrière moi. Cest un bon présage du matin, ça ! Alors je passe par où. Je multiplie les itinéraires en ce moment. Tout Bordeaux est sans dessus-dessous avec ces travaux de tram. Et pour arriver à Pessac, cest devenu lenfer. Il faut ruser et surtout faire confiance à son intuition. Tout va bien. Jai mis NRJ. A 8 h 45, ya lhoroscope et avant, ya des trucs sur le dernier viré de la Starac, et ça mamuse beaucoup. Je passe devant CETELEM. Tiens, Jacques nest pas encore arrivé. Normal, jai vu sa voiture devant chez lui tout à lheure. Il doit être en congé aujourdhui. Pourtant, Conforexpo vient de commencer. Et voilà ! Je viens de rater la rubrique des cancers. Plus quà attendre les poissons, la météo et changer pour CHERIFM. Non, en fait, jécoute encore et je rigole toute seule dans ma voiture. Ils sont plutôt bons des fois sur NRJ, surtout quand ils taillent un short à Nicos sur tous ses lapsus. Je jette un coup dans mon rétroviseur et japerçois la fille derrière moi qui a un grand sourire. Peut-être écoute-t-elle la même émission que moi ? Jaime bien voir les gens à leur volant dans cet état.
Ca y est ! Je viens datteindre les ronds-points. Dans le sens inverse, cest une fille incessante de véhicules. Jai encore eu du nez de prendre cette route.
8 h 50 : LAlouette Je grille un feu orange. Ouf, pas de flics à lhorizon. Je passe au-dessus de la rocade, pas un cm² de bitume visible : trop de monde.
8 h 57 : Je pénètre dans de lhôpital. Je me trouve une place près des escaliers. Jattrape ma blouse dans le coffre, mon sac rempli de toutes mes bibles et me voilà partie, tel loiseau migrateur, pour renforcer, soutenir ou solutionner, on verra bien. En tout cas, le rythme se calme et la journée peut vraiment commencer si elle ne lavait pas encore fait.