Didier...

Il y a des années... Dans les tumultes d'un couple qui commençait tout juste à se dilapider...
Tu venais souvent. Témoin premier de notre histoire, tu avais dit d'ailleurs que ce début d'amour était digne d'un scénario de best seller...
Tu avais parcouru la France en diagonale pour venir chercher dans les montagnes, une demoiselle inconnue, accompagnée de ses deux chats et de son piano noir satin.
Il y avait eu ensuite des soirées entières à jouer aux cartes, à rire à s'en faire des crampes, à partir dans le couloir avec mes chaussons ! Veux-tu bien me les ramener, petit Didier. On t'avait un peu surnommé "Régis", parce qu'à l'époque, c'était les nulles qui nous avait un peu donné la note.
Fidèle.
Tu es venu parfois me rendre visite alors que je ne connaissais encore rien de cette grande ville, nouvelle demeure que j'avais choisi pour rejoindre l'homme que j'aimais (et que j'aime toujours, cela dit en passant).
Nous avons beaucoup parlé. Tu m'as raconté ton enfance, difficile, indescriptible, à ne pas retranscrire ici.
Tu es venu nous applaudir à la sortie de la mairie alors que nous venions de nous passer la bague au doigt.
Tu as vu Camillou dans ses premières heures.
Et puis le temps nous a changé. Evidemment. Sur qui cet adversaire ne s'acharne-t-il pas ?
Tes visites sont devenues plus rares, au fur à mesure que nos déchirements de couple devenaient très palpables.
En franchissant la porte de notre entrée, tout était lourd.
D'ailleurs, je ne levais plus beaucoup les yeux sur toi, juste cramponnée à mon PC pour écrire des heures et des heures... Et surtout pas, venir discuter, échanger. Quoi d'ailleurs.

Un soir, le dernier. Tu es venu car d'un voyage lointain tu amenais des photos. De Thaïlande. Je m'attendais à de belles plages, de beaux paysages... Rien de tout cela, juste des toits, à perte de vue... J'ai cru vomir à tes mots. Je n'ai pas voulu les écouter. J'ai remis mon casque sur les oreilles et j'ai lancé un regard à Eric qui déterminait tout à fait ma position. 3 semaines dans une chambre, avec une Thaï à dorloter, et surtout à ne pas ramener ici. J'ai pas essayé de comprendre quoi que ce soit. Je t'ai rayé.

Et puis, il y a deux mois exactement, Eric m'a appris que tu vivais plus ou moins là-bas. Tu t'es marié. Avec une jeune fille Sri-Lankaise... Tu faisais encore quelques voyages et puis...Ici, ils ont tous bavé... Evidemment, un petit médocain sans prétention qui décide de changer de vie et d'aller sur les plages de vagues magiques... Toute la clique a parcouru les rivages, les terres aussi, en poussant dans de grands détours, à vivre au milieur d'eux. Tous ont témoigné de la générosité des gens, les enfants sont rois là-bas, tout l'amour est pour eux. Maryline avec son petit Jérémy, accompagnée des Fanou-Fanette avait passé des vacances inoubliables. Les Dufils avaient même fait manquer un mois de classe entier à Océane et Nico pour être aller rejoindre Jupiter et sa famille.

Voilà.
La tragédie est arrivée. L'eau puissante en une vague démentielle s'est répendue sur les terres, emportant tout, tous.
Où êtes-vous ?
Didier...
Jupiter...
Les autres.
Tous les autres..............................................................................................................................