9 janvier 2005
Sable chaud...
Sur la route, il n'y avait pas un chat. La voiture pouvait rouler
tranquillement et doubler sans réfléchir. J'ai regardé le paysage et je me suis
fait la réflexion que nous étions bien en hiver puisque l'on voyait loin
derrière tous les arbres nus. Les enfants étaient sages, absorbés l'un avec un
livre de chevaliers, l'autre avec une leçon d'histoire de la même époque... Le
conducteur était fermé, comme toujours, pas tout à fait remis des discussions
pécuniaires de la veille.
Au Porge, j'ai regardé les magasins vides et fermés. A la plage, nous avons
pris à gauche au lieu de notre droite habituelle. Et beaucoup plus loin, nous
avons laissé la voiture. On s'est enfoncé dans le bois, il faisait chaud,
étrangement pour un 9 janvier. Le petit n'était pas d'accord du tout pour cette
balade dans la forêt, les loups, les renards, ça fait peur à cet âge. On a
marché, monté, couru dans le lichen et la mousse vert tendre. Parfois, en haut
d'une colline on apercevait la mer, démontée. On a ramassé des plantes
recouvertes d'une substance "comme de la neige" a dit le petit. La grande
courait après les traces de chevreuil. On a même suivi les pas d'un blaireau,
comme des doigts d'un ourson. Les enfants avaient aussi ramasser des bâtons et
creusaient la terre de bruyère pour faire comme les sangliers et trouver de quoi
manger... On a ramassé des Chanterelles, y'en avait un plein rond de sorcière.
Et puis on a coupé tout droit dans la dune dégarnie pour plonger enfin sur la
plage. La mer était immense, écumeuse, moussante. Des murs de trois mètres.
Personne ici, sur cet espace loin de tout. Un moment, nous avons cherché des
bouts de corde pour qu'Eric puisse faire une déco avec les flotteurs en verre
qu'il a récupéré dans la maison de ses vieilles tantes à La Rochelle. On s'est
assis dans le sable dur. J'ai déserté un peu et je suis allée écrire sur le
sable.
J'aime dessiner des mots immenses, les graver dans le sable et attendre que
la mer vienne les lécher, les engloutir, les comprendre et les prendre pour
elle. Je me dis qu'elle les emporte avec elle pour mieux les rendres à qui de
droit. Y'a-t-il la mer à Paris ?
Puis nous avons marché sur le sable dur. Camille déterrait tous les bouts
de cordes et nous a ramené de véritables trésors.
Il a fallu escalader l'abrupte de cette balade. Marche doucement dans les
larges pas de Papa, tu verras, cela ira mieux. De l'autre côté, comme un
tobogan, on a tous couru au même rythme que les enfants, en se remplissant les
chaussures de sables, on a rigolé.
Voilà. Un dimanche tranquille dans mon chez moi.
Pour rien au monde je ne quitterai cette région où même en hiver on se
croit déjà au printemps.
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