A treize années lumière d'ici...
C'était l'inconscience, la crédulité, l'émerveillement de
jouer à la grande, la magie d'être une princesse d'un jour dans le regard de
tous...
La robe était ivoire, douce et pleine d'harmonie prometteuse. Le sourire était
espiègle comme son regard au lendemain de grande force.
C'était un grand jour, de ceux que l'on franchit fièrement car rien ne fait
peur. Mais a-t-on appris à souffrir à l'avance quand on se promet d'être à la
hauteur de n'importe quelle illusion ?
Les jours ont passé, les pluies répétées n'ont pas eu raison de cet irréel.
Et puis un matin, parmi tant d'autre, le souffle de l'air n'est plus le même.
On reconsidère alors froidement ces millions de secondes qui se sont enchaînées
sans qu'on ne demande rien, ces minutes prenantes qui nous ont amené à courber
l'échine sans plus la présenter au plaisir, ces larmes de cristal qui ont sillonné
des coeurs trop fournis...
Et dans la nuit qui s'étend, on retrouve un chant nouveau, car la vie ne
s'arrête pas à cela.
Sans amour, on n'est pas grand chose. Sans regard de l'autre, on se flétrit, et
on s'asphyxie. Mais a-t-on tant besoin de l'autre pour devenir soi ?
Je m'étends doucement sur ces pétales à la couleur de mes yeux. Je n'attends
plus rien de cet autre au jeu double, celui de ne pas même respecter
l'étincelle qu'un jour il fait naître.
C'est tellement plus simple quand tout s'efface.