Si seulement il ne s'agissait pas de moi...
La vie tourbillonne, en forme de feuille ou sur une lumière
irréelle.
J'ai envie de parler de ces visages que je croise le soir en sortant du
travail.
Souvent, les larmes ont sillonné les regards, les yeux sont sans éclats,
résignés dans des douleurs imposées. Je frôle ces corps en sentant tellement la
révolte qui les étreint. Ils sont famille proche ou ami rappelé, ils sont père
ou enfants trop tôt arrachés à leurs illusions.
Ou simplement l'acteur principal en désarroi à sa peur panique de ne pouvoir
lutter contre une facette de la réalité que l'on n'envisage jamais.
Lui, on ne le voit pas si souvent, car il peut être n'importe qui, même
soi-même.
Il ressemble à s'y méprendre à une soirée douce d'automne tonitruant. Il a fait
le ménage pour que tout continue autrement, pour que la vie s'empare enfin de
lui.
Puis dans un détour imperceptible, il serre la main au métal froid. La
sensation est infime comme un sourire qui n'aboutit pas. Puis les secondes
retombent. Le tableau n'est plus flou. Le concret s'installe. L'âme se détache
du corps pour mieux voir les atomes responsables de cette anarchie.
Mais de quel côté penchera la balance ?
Vers le bien, sans aucun doute.
Pourtant... encore un peu plus tard dans la nuit, quand tout le monde dort, la
lutte s'acharne avec le silence de ne pouvoir se blottir ailleurs qu'en soi
même. Les épaules sont écartelées pour oublier que les tripes se dévident...
Je perds pieds, je voltige dans un vide inconnu, je fonce au-dedans de moi.