Rose d'ailleurs
La pluie chante contre ma vitre. Je suis tranquillement sous
ma couette, dans ma petite chambre de tout en haut.
Je compte les heures, les jours et plus tellement les
semaines.
A la fin du mois, je serai partie.
Pour le moment, je fusionne ce maintenant et cet ailleurs
que j’envisage avec tellement de légèreté.
Je me suis surprise aujourd’hui, à aimer respirer, goûter comme
une sorte d’apesanteur sur mon cœur.
Mon corps s’est épuré de toute ma rancœur, je ne garderai
rien de tout cela. Et je vais laisser mon esprit oublier soigneusement pour moi
toutes ces dissonances.
Je ferme ce livre, il a duré, peut-être un peu trop
longtemps. J’y ai cru jusqu’à l’absurde, dans les méandres d’une folie
blafarde, sans éclat, sans nuance. Parce qu’il fallait… Et que j’étais seule à
tendre la main.
Je n’ai pas réussi à ouvrir la forteresse vide. Je renonce
parce qu’il est temps.
Cela fait longtemps maintenant que je ne me suis pas
retournée et je sais que je ne le ferai plus.
Je suis sereine. Je commence à me pardonner d’avoir bien
voulu me tromper ainsi.
Et puis… je n’ai jamais cessé de me faire plaisir…