Des réveils saturés…
Des samedis et
dimanches matins, à pousser le sommeil pour récupérer du peu accumulé dans la semaine. A
m’imposer de rester allongée, pour essayer de ressourcer mon corps ou mon
esprit tourmenté. Je me souviens de ce demi-sommeil, à sentir mes muscles
brûlés par l’angoisse, les poumons oppressés, les larmes acérées derrières mes
paupières closes. Longtemps, ce sont les enfants qui m’ont sauvée de ce malaise
collant et puis, ils se sont levés plus tard, alors volontairement j’allais me
rendormir dans le lit de Camille.
Je ne comprenais pas cet état, alors que dans mon quotidien, j’accomplissais tout ce que je pensais devoir faire de bien.
Mais ce que je ne savais plus, ou que trop, c’était ce vide, ce néant, cette absence des premiers instants de la journée… Au lieu de pouvoir me tourner vers le visage aimé, je savais que le lit était séparé par un grand mur. Tendre la main pour caresser la peau tiède de l’autre, je l’ai fait par audace au bout d'un moment, et de plus en plus souvent par inconscience et ignorance du refus permanent qui me revenait cruellement sur tout ce que je voulais offrir.
Le doute, la peur, la nausée de ne plus être moi-même femme. Je caressais mon corps pour ne pas oublier mes formes, je me regardais ensuite dans le miroir pour me répéter que j’étais encore désirable…
Désir. Absence du désir de l’autre envers soi.
Maintenant, tout s’inverse. Quand je m’éveille, j’ai encore ces demi rêves, mais je ne les mêle plus à ma réalité, ils restent dans le domaine de l’ombre et je me sens légère de comprendre tout cela.
Quel soulagement de ne plus devoir sentir ce regard inquisiteur et en même temps aveugle, demandeur à mon insu, de tout porter, même la folie de persister à aimer un être qui ne sait s’aimer.
J’ai terminé tout cela. J’ai fermé cette histoire.
Et mes matins sont sereins, même dans mon
demi-sommeil. Je les déguste, ils me reposent enfin et je reste
étonnée, presque naïve et crédule, comme une toute petite enfant qui
réalise tout son possible...