Miroir, miroir...
Dis-moi qui je suis ?
…
Dessine-moi telle que je suis
…
Donne-moi les vraies réponses sur moi
…
Tu ne réponds pas ? Je m’en doutais. Pourquoi le
ferais-tu, alors que je connais toutes ces réponses. Et quand bien même tu
essayerais de m’en dire le refrain, je ne suis pas sûre d’écouter l’écho
véritable.
Je suis sûre d’une chose… Quoi que… Ma mémoire, cette capacité à retranscrire mon passé, à garder l’exacte seconde de toutes les couleurs, de mes sens en alerte et du ricochet sur mes frontières. La spirale du rappel est même souvent étonnante, à inscrire la vérité de ce que je n’avais pas voulu entendre.
Je puise alors en moi, dans tous ces souvenirs, le chemin que j’ai parcouru et je continue, aveugle et confiante, inconsciente de mon lendemain puisqu’il sera bientôt hier et bien organisé dans ma forteresse.
Mais j’aime tant, passionnément, à la folie le plus souvent…
…Regarder dans le sable mouillé les traces de l’eau qui s’enfuit ou retourne à sa source, heureuse de ce va et vient qui l’encercle, la libère dans sa prison inconnue.
…Ecouter les violoncelles que je sais pressés sur des corps qui vibrent de leur timbre, dans leur bois chaud et douillet, dans leurs formes cintrées et accueillantes.
…Sentir le bruissement des jeunes feuilles, impétueuses et audacieuses de croire que leur vert tendre ne s’éteindra jamais, consciente de leur fragrance piquante qui annonce le nouveau.
…Goûter l’acidulé de mes mouvements qui se livrent aux promesses de pouvoir un jour tout revivre, oser croire plus que souhaiter que je serai un jour, plus tard, espérée et accueillie.
Patience, dans le ressac qui continue.
Apaisement, car je commence à oublier ma vie d’avant.
Sérénité d’être les cinq branches de ma solitude.