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Le blog de la quarantaine qui approche
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16 juin 2006

Dans mes jours d'ici...

bouillon

Automne 2003… J’en ai passé des soirées, collée à mon ordinateur, dans le petit bureau au papier peint japonais tout moche. Mais cela m’était bien égal. Je choisissais un peu de musique, et j’écrivais des pages et des pages. Je ne sortais pas trop de mon cercle vicieux, je mettais même un point d’honneur à m’y complaire, sans aucun doute. Je n’avais pas conscience alors que je nourrissais ma chrysalide pour mieux en jaillir.

C’était de ces soirées froides et humides, où l’on jette un coup d’œil dans le jardin et que les arbres laissent sur le sol une ombre sournoise aux dents effilées. Dans la journée, je courrais partout, et je restais fidèle à mon amie chère ; Titou nous quittait… J’avais même eu l’audace de faire une lettre au père Noël pour qu’il vienne le chercher avant le 25 décembre (ce qu’il fit d’ailleurs : preuve qu’il existe et qu’il est bon d’y croire).

Un soir donc, comme tous ces soirs maussades que j’empilais les uns sur les autres, désertée de toute vie affective, j’écrivis ces mots en italique. Je les destinais à un autre fou de l’écriture, un adapte du slam qui m’attendait tous les mardis soirs, pour que sur les planches et devant un petit public averti, on puisse jongler avec nos mots ou serait-ce maux ?!... Deux fracturées de l’amour, à la recherche de la perfection, du fusionnement intellectuel, pour se shooter au sentiment. Deux orphelins de nos « homme – femme de ma vie » qui les avaient perdus presque consciencieusement. Qu’est-ce que c’était bon de se repaître de spleen épais !...

Je relis ces phrases ce soir et je vais les redessiner. Car elles sont dans mon présent d’hier et qu’à ce jour, leur lumière, ainsi que leur relecture, est tout autre.

 

Y’a des soirs comme ça,
où j'ai mal aux épaules, car elles sont lourdes de vides,
de haine rangée, de colère rentrée, d'idéaux dilapidés.

Dans mes jours d’ici, mes épaules sont rondes et pleines,
De force affrontée, de pardons enfin accordés, d’une réalité qui se constitue.

Y 'a des soirs comme ça, où mon image de femme libérée
se désintègre misérablement, parce qu'esclave d'un système, d'un privé épuisé.

Dans mes jours d’ici, mon « être femme » se conjugue à tous les temps sans avoir peur de l’infinitif, parce que tout simplement sans limite…

Y 'a des soirs comme ça, où ma seule compagne est une femelle solitude et sauvage et qu'aucun bras tendre ne m'engage à garder la tête haute.

Dans mes jours d’ici, ma solitude est pure, durable et alliée parce que mon bras est tendre et sans remord et qu’il souligne si bien ma tête haute.

Alors je compte les secondes, je range mes souvenirs, je recherche toujours
là-bas, l’hier, l’avant, je m’écoute dans des harmonies dissonantes, dans des refrains désuets, dans une jeunesse qui s’éparpille.

Ainsi, plus de parcelles du temps mais bien un chemin sur lequel quelques souvenirs vont orner mon devenir, sans rien perdre de mes mélodies fidèles, dans des chants réinventés, sur une vie qui se construit.

Je m’envole sur un écran blanc pour oublier le grand air, l’air de rien, ou de faux-semblants, l’air d’y croire envers et contre tous, à l’envers, la tête en bas,

Je vole car ma maison est au grand air, honnête et sans détour, que je la regarde à ne plus m’y méprendre, ou que j’accepte d’y être honnête.

Y’a des soirs comme ça, où je piétine les feuilles marrons d’humide,
buvant la pluie, buvant l’hiver qui s’entame et emporte avec lui les espoirs de survie.
Je m’enferme entre quatre murs, je ne renonce pas encore,
et pourtant il y a des cris sourds qui me modulent et m’adulent.

Dans mes jours d’ici, les feuilles sont vertes des saisons qui viennent, il n’y a pas d’espoir mais bien une vie. J’ouvre mes fenêtres, je renonce à m’enfermer, je n’ai plus peur de mes soupirs que je n’autorise plus à me nuancer.

Dans les soirs comme ça, j’ondule entre le sourire et la larme, la respiration et l’étouffement.
Reste sur mes mains le parfum d’un citron vert dont j’ai perdu la recette et ne sais que faire de mes litres de limonade.

Y’a une vie maintenant, où je parcours ce que je suis, en prenant mes sourires et mes larmes, en aspirant sans crainte d’expirer.

Dans les soirs comme ça, j’atteins la violence froide et parfaite,
celle de l’oubli de moi, celle du renoncement, de l’esclavage et de la guerre sans fin, sans raison, pour se battre contre plus rien, puisque dans le soir comme celui-ci, l’écho ne renvoie que mon image.

Y’a une vie maintenant, où je goutte la paix, douce et à réinventer, celle de ma découverte, de mon acceptation, de ma libération et de ma sérénité à savourer, avec la raison de ce que je deviens, puisque dans le soir comme celui-ci, je suis

Ce soir, y'a des cendres qui s'amoncellent autour de moi et qui ne reprennent aucune forme.

Ce soir, mon foyer fera des cendres, pour que mes braises intimes durent et inscrivent à chaque instant ce que j’ai à découvrir.
Je suis faite d’eau.
Et je goutte à ne plus m’évaporer…

C'est tout.

Ce n’est que le début.

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Commentaires
T
OUI ! Aller vers la VIE !
A
Emotion... je devine ta voix qui dit ces mots.
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