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Le blog de la quarantaine qui approche
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17 juin 2005

Passiflora, Fleur de la Passion...

 

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Elle s’éveille sur cette couronne qui se marie au front du supplicié.

Elle a reçu le martèlement de l’outil répliqué, pour ancrer dans la chair tendre et fragile, les clous de la souffrance, de la rédemption sans appel.

Elle m’étonne toujours, à chaque saison d'été qui revient, impérieuse sur les sentiers tièdes, en tombée de nuit, elle retentit, solitaire et si remarquable.

Elle est parfaite, dentelée à souhait, élaborée, incontournable.

C’est un vieux grand père qui m’avait raconté la légende de cette fleur de la passion… Et j’ai ce soir pour lui une pensée très douce qui l’accompagne dans ses derniers instants. Vieux, il l’est terriblement et ne veut plus rien entendre de l’existence. Il a bien voulu jouer le jeu en cette fin d’hiver, pour se remonter un peu. Il avait même conquis toutes les infirmières du service qui pensaient bien ne pas le revoir de si tôt.

Hier, pourtant, il est revenu, avec le regard opaque, perdu dans des délires provoqués, cachant ses douleurs profondes.

Ils disent attendre quelques jours pour se prononcer…

De quoi ? D’arrêter la maladie qui prend place et leur rappelle qu’il est temps de le laisser en paix…

Cette paix, il l’a cherché des années durant, car il fait partie de ces personnes qui ont été dépossédées de leur vie dans une guerre épuisante, qui les avait éloignées de leur sens profond, de leurs proches, de leur famille, de leur cœur aussi.

Lui, il n’est jamais vraiment revenu.

Il a même détesté son propre fils à son retour. Il a passé toutes ces années, plus d’un demi-siècle, à chercher des réponses absurdes à cette vie non moins absurde.

Un laisser pour compte de toute cette haine qui se déverse dans n’importe quelle guerre…

Et sait-on faire l’addition des générations suivantes qui auront été ainsi amputés de leur tutelle ?

Au-delà de sa haine formulée de toute existence, il a su un soir me parler de cette fleur.

Je m’en souviens encore… C’était une soirée comme celle-ci. J’avais l’enjeu de me faire accepter dans cette famille fermée. Je l’ai écouté.

Je l’entends encore.

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