Tout ne se dit pas

9 juillet 2005

J'ai senti la morsure du soleil dans mon décolleté, rappel à mon corps qui vit, alors que je poursuivais à petit pas un véhicule du dernier trajet.
J'ai souri silencieusement à ce picotement tout en savourant le silence ambiant.
Mais il n'y avait rien de triste, rien de difficile, avec un ensemble de chacun, une place tenue d'un même front, aucun mot, pas de marque d'affection, mais des regards sensibles.
Je me suis sentie forte tout à coup d'appartenir à ce clan. Je me suis rendue audacieuse d'adopter leur fonctionnement, sans sourciller, sans montrer mon tout petit chagrin. En perdant mes habitudes pleines de bruits et d'expansion.
Mon coeur s'est serrée en apercevant les entrailles du sommeil profond, mais j'ai tout de suite pensé que l'on se rejoint enfin dans cette fine poussière qui recouvre les souliers endimanchés.
J'ai entendu ces phrases de rendez-vous... "Et si nous décidions enfin de nous rencontrer à d'autres moments que ceux-là ?" Vrai... Ce n'est pas un lieu de rencontre, les dernières sépultures.
Mais le soleil était là, généreux et piquant.
On devient tous un jour orphelin.
Et lorsque ce sera mon tour, j'espère pouvoir trouver autour de moi cette même unité, cette même sensation de simplicité, ces mêmes non-dits qui prennent tout leur sens, à la rencontre des regards aimants.