Les cheveux des amies-filles
Du plus
loin qu'il m'en souvienne...
De petites tresses bien ordonnées qui barrent le front carré d'une dizaine
d'années.
D'effleurements complices aux premières nuits évadées, dans les bras confiants
d'une amie encore meilleure, tout juste plus âgée, sur un air de quatorze ans.
Dans des boucles brunes, très épaisses, longues et retrouvées des années plus
tard sur l'écran glacé du salon.
Puis dans le tourbillon d'un regard plus bleu encore que le mien, sur des
cheveux en baguettes sombres. Le corps étendu sur les formes de la féminité, à
la peau chaude que l'on ne peut s'arrêter de caresser des yeux.
Chaleur de la rousseur d'une cascade flamboyante aux abords d'un visage presque
limpide de tant d'innocence, timide, mais déterminé.
Encore des virages dans une chevelure immense, pour une bouche rouge et
pulpeuse, au corps hispanique, aux courbes généreuses.
De l'ondulée du blond incontournable sur des années de complicité avec pour
offrande un deuxième père trop disparu au jaune vertical sur des kilomètres qui
n'y font rien, avec toujours la même promesse d'avoir sur faire autant que sa
mère partie trop tôt. Elle n'aurait pas mieux fait.
Sur la miniature du meilleur, cheveux qui foncent et forcent au respect, sur
une taille moindre mais un coeur tellement grand, ma perle rare, ma complice,
mon intuition.
Sur l'instant imaginaire de ceux que l'on n'a pas encore soupiré.
Je reste autour de cet or.
Et tant de fois, mes rires et mes larmes se sont mêlés à ces frémissements de
féminité.
Toujours, il a été facile de garder l'estime et de repartir la tête haute.
Toujours, j'ai trouvé la réparation à mes blessures d'orgueil.
Alors, à tous ces parfums de femmes inégalables, j'offre encore plus de
moi-même.
Promesse d'un fidèle, car sur ce domaine, je vais encore plus loin dans mon envie d'exister.
Ce n'est pas le doute qui rend fou : c'est la certitude [F. Nietzsche]