Evasion...
Je
compte les secondes, et elles sont encore trop nombreuses...
J'empile les heures, et elles ricochent contre le temps, ne voulant presque
plus avancer.
Je regarde les jours et bientôt, nous aurons franchi l'espace, englouti les
kilomètres, passé la pancarte du village... Pour y arriver et se poser enfin
quelques jours.
Une éternité filante, un scintillement de vies entremêlées, aux enfants qui
nous pourchassent, aux adultes qui ont perdu l'habitude de se voir.
On va s'empiffrer de retrouvaille, de chamaillerie et d'espièglerie.
Irai-je pêcher avec Octave ?
Tom arrivera-t-il à ravir Stella à Camille ?
Et Gabinette, que ramènera-t-elle du fond du verger ?
Fabienne enfilera sa tenue de cycliste pour faire un pied de nez à ses journées
de parisienne.
Christophe nous rejoindra-t-il loin de ses mouches ?
Le piano de Jacques sera assurément fidèle aux sons de notre flûtiste en herbe.
Margot ? Tout simplement, elle jouera avec le petit Prince, pas trop le choix,
en fait, c'est lui qui l'a dit, c'est lui qui l'est !
Je vais dormir longuement après avoir noirci des pages loin de toute
possibilité de rencontrer un virtuel rapide, à relire mes notes, à finir enfin
des histoires depuis trop longtemps commencées.
Le matin j'attendrai que l'odeur de café vienne me faire frétiller...
J'écouterai les enfants enfiler leurs pantoufles et partir en chuchotant pour
aller se glisser dans le lit des grands-parents.
Quand tout le monde aura dévoré les confitures et le pain frais, innondé les
salles de bain, sans même laisser une serviette un peu sèche, déserté la maison
pour, chacun, ses menues occupations, je glisserai un orteil en dehors de la
couette et j'ouvrirai la fenêtre sur la campagne verdoyante... Respirant le
frais et presque soleil du printemps qui est là.
Savourant ce trésor de partage d'être une fois encore tous ensemble...