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Le blog de la quarantaine qui approche
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16 mai 2006

Lettre à...

lettre1

 

A l’homme que j’ai aimé durant treize années ?..............

 A ma déception, ma désillusion ?..............

 A ma colère, ma guérison ?..............

 
A ma liberté que je découvre.

 

Je me lance dans un nouveau style. Parce que sur les jours qui passent, je me regarde de mieux en mieux. Je me dirige sans refus maintenant vers l’honnêteté de moi-même. C’est pas simple ! Encore moins lorsque c’est par les mots qu’un des chemins se fait.

En préambule, je m’adresse à toi, Eric. J’étais en train de t’écrire les mots que je fais suivre, et comme toujours, je me suis emballée. D’un mail court et concis, je suis partie bien ailleurs. Et j’ai tout à coup décidé que tu n’en serais pas le destinataire direct. Je sais que tu lis ce blog et cela m’amuse un peu d’emprunter ton mode de fonctionnement, dans le style, on ne dit rien puisque tout se devine

Mais surtout, et c’est pour moi le plus précieux, je viens de réaliser tellement. Tout est clair, le puzzle se dessine et sera bientôt achevé.

Je me dis aussi que je suis bientôt à la date anniversaire de ce blog… Fin juin, il ne sera plus dans l’approche mais bien dans la vérité. Je pourrai alors soit le quitter soit le transformer à l’image de ce que je grandis. En somme, tout ça pourrait bien être le début d’une conclusion.

Donc…

 

Voilà ce que je pourrais dire à ta mère ce soir :

Bonjour Simone.

J’ai su par Camille que vous aviez envoyé une lettre à Eric au sujet de ce spectacle de Carmen. Je ne sais pas si elle m’était destinée, en tout cas, je ne l’ai pas vue.

N’aurait-il pas été plus simple que vous me l’envoyiez aussi ? Ou même mieux, que vous m’appeliez en me disant «Agnès, je veux emmener Camille voir Carmen car c’est prévu depuis longtemps et que cela me tient à cœur de pouvoir donner ces plaisirs à ma petite fille. Comment fait-on ?»

Je vous aurais alors répondu la même réponse qui me permet de vous voir maintenant : Bien sûr que vous viendrez chercher la puce. Il ne s’agit pas de moi mais de ma fille et mon rôle est de lui donner du bonheur avant tout.

Je connais votre fonctionnement depuis longtemps vis-à-vis de votre fils. Vous souhaitez le faire grandir, le responsabiliser ; et c’est parfaitement louable. C’est pour cela que durant des années vous avez choisi délibérément de l’appeler, LUI avant MOI, pour proposer des activités avec notre fille (vous n’avez quasiment pas eu de demande pour notre fils, ou peut-être une après-midi au cirque). Cela m’ulcérait que vous m’évinciez de la sorte. Je protestais mais je prenais sur moi. Car vous saviez très bien que pour tout ce qui concerne les enfants, c’est toujours moi qui ai tout assumé. De A à Z. Alors, c’était votre manière à vous de lui tendre les perches (pensiez-vous !), pour qu’il apprenne, deviennent un père présent… N’était-ce pas aussi vous déculpabiliser en vous faisant croire que vous faisiez enfin votre travail de mère ?

Cependant, vous fonctionnez comme lui : dans sa toute puissance, qui lui permet de jeter de la poudre aux yeux à tout le monde pour cacher son propre malaise, sa presque horreur de lui-même, son dégoût de sa personne que vous lui avez soigneusement inculqué à coup d’humiliations répétées. Il s’est emmêlé dans ses mensonges, dans ses apparences, pour fuir l’émergence de cette image nauséabonde que vous lui avez apprise. Comment peut-on avoir confiance en soi, s’aimer soi-même quand depuis tout petit, on n’a que le regard du mépris, la permission que de se taire et de ne rien demander, d’être en dépendance puisque majeur à dix huit ans et après plus rien… ? Mais vous l’aimez, car vous êtes sa mère ! Seulement vous ne pouvez supporter l’idée de sa réalité puisque vous en êtes l’instigatrice.

Vous ne connaissez certainement pas votre fils autant que moi. Et vous le savez. Et cela aussi, c’est parfaitement intolérable pour vous. QU’UNE AUTRE FEMME PUISSE L’AIMER TELLEMENT QU’ELLE LUI PERMETTE DE S’AIMER LUI-MEME.

Mais moi, j’ai jeté l’éponge. J’ai arrêté de croire que je pouvais être ce remède. Et je le plains aujourd’hui, car il se retrouve dans une cruauté sans nom, celui d’être un enfant qui doit prendre des décisions pour les siens, alors qu’il sait pertinemment le non retour qu’il aura de vous et surtout le mal que cela peut faire d’être ignoré, n’avoir aucun poids, n’être rien.

Je me rends compte à ce jour à quel point je me suis punie d’avoir cru pouvoir le guérir, le faire grandir, le ramener à cette image d’homme mur et adulte qui m’avait tant séduite lorsque je l’ai rencontré. J’aurais voulu avoir le pouvoir de l’améliorer, malgré tout.

 

J’en paye cher les conséquences de mon propre être.

Et ce que mon corps cristallise à ce jour, je vais le lui ôter et le jeter comme un vulgaire détritus. Je vais le libérer de cette mémoire là, de toute cette violence que j’ai reçue en échange de mon amour, de tous ces coups qui ont meurtri, marqué au fer rouge mon intérieur, mon intimité, mon âme.

Et je serai alors fière de pouvoir enfin regarder ma cicatrice sur ma chair. Je saurai exactement où le mal a été fait.

Je n’aurai plus besoin de me débattre, je ne pourrai plus étouffer dans mes plaies morales, je n’aurai plus besoin d’hurler ma peur panique de me voir ainsi malade et de ne trouver aucun remède pour me soigner.

Tout sera enlevé, et physiquement !

Et il y aura une trace de tout cela, aussi sûrement que le passé est là, que le passé ne se change pas et qu’il faut l’accepter avant de pouvoir le regarder.

 

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Commentaires
C
ton texte est très bien écrit et très explicite, la désillusion de donner sans jamais recevoir, de dire oui, quand les non, résonnes a chaque demande, j'ai et je connais encore.<br /> je partage l'idée de "france6", n'avoir plus peur, c'est être libre. <br /> j'ai crée un blog, il y a trois semaines, je t'y invite.
F
c 'est être libre dans sa tête,bravo !<br /> <br /> plus léger: la fin juin c 'est aussi mon anniversaire :)<br /> bisous et bonne continuation
T
A mon tour de sortir de l'ombre. Je te suis ( tu me permets que je tutoie?)depuis plus d'un an et j'aime bcp te lire même si parfois c'est mélancoliqe mais c'est une belle mélancolie. A chaque fois je suis heureux de découvrir les progrès effectués dans ta guérison intérieur. Et c'est peu de le dire avec ce dernier message j'ai l'impression que les derniers démons ont quitté ton corps. Reposes toi désormais, la vie repart avec un nouveau souffle salvateur. Dans l'espoir de pouvoir te lire à nouveau et pour longtemps<br /> Tendre S
C
J'ose: j'ose te dire que j'espère que tu continueras ce blog à sa date anniversaire, et que je pourrai continuer à te voir progresser dans ton chemin de vie, moi qui te lis depuis quelque temps déjà, sans jusqu'à présent m'être fait connaitre. Cette lettre que tu n'enverras jamais, est criante de vérité, mais après tout,, même si elle reste à l'état d'entrée du jour sur un blog, elle te permet d'extraire une à une les épines qui parsèment ton coeur et ton passé. Et l'apaisement sera au bout!
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